Ménévillers
Le village de Ménévillers, avec à peine une centaine d’habitants, est le plus petit village du canton de Maignelay, mais certainement un des plus charmants. Sa particularité est caractérisée par l’emplacement de l’église qui est enclavée entre l’ancienne ferme de l’abbaye et la mairie-école qui autrefois était le presbytère. A sa droite se tient une ancienne fermette qui est aussi bâtie en pierres.
Côté patrimoine, le village de Ménévillers bénéficie de remarquables monuments, avec, outre l’église, l’existence de deux calvaires assez particuliers ornent le village. Le premier est situé sur la place centrale, le second se tient dans le cimetière. Sans oublier le pigeonnier situé dans l’ancienne ferme de l’abbaye ainsi que l’ancien puits communal.
Ethymologie
Maneviller, Mesneviller, Mesnesviller, Meneviller, Menevillé, Menesvillé, Menovillé, Meloisviller en 1066, Meneivillare, Melleisvillare, 1125. Meloisvillare, 1220, Melosviter en 1239, Menoivillere en 1253, Mesnoyviler en 1263, Menoiviler, Menesvilliers, et enfin Menenvillare en 1348.
Situation géographique
Le village de Ménévillers est situé entre Montgérain au nord-ouest, Méry-la-Bataille au nord-est, Wacquemoulin au sud-est, Saint-Martin aux Bois et Montiers à l’ouest.
Sa superficie s’étend sur 487 hectares. Le territoire est plat, mais il donne naissance vers ses limites à quelques ravins qui se dirigent sur la vallée d’Aronde.
Le chef-lieu assis au centre, comprend une place assez grande et cinq larges rues divergentes.
Ce petit village est à proximité de la voie romaine qui, autrefois reliait Venette à Montdidier. A ce propos, des vestiges gallo-romains ont été retrouvés.
La paroisse
Autrefois, l’abbaye de Saint Martin aux Bois avait le patronage de la cure dédiée à Saint Léonard que l’on fête le 6 novembre. Depuis le Moyen Age, l’abbaye possédait la seigneurie et les biens importants.
C’est l’abbé de Saint-Martin aux-Bois qui était le gros décimateur (qui percevait l’impôt en nature représentant le 1/10ème des récoltes) et le plus gros collateur(qui attribuait des bénéfices et des revenus.)
Le curé avait le titre de prieur, à ce propos on écrit qu'un prieuré (communauté religieuse) devait exister vers le XIIIème siècle.
Toutefois, plusieurs textes anciens nous indiquent quelques noms de prieurs présents sur la paroisse de Ménévillers, qui n’étaient pas curés de la paroisse.
En effet, en septembre 1538, on cite la permutation de la cure de Ménévillers contre celle de Noroy par le Frère Charles de Saint-Sauflien, prêtre, religieux profès de l’ordre de Cîteaux.
Plus tard, on relate une requête adressée au bailli de Ménévillers par les habitants du lieu. En effet, ils demandent à faire la visite des effets laissés par feu Messire Le Roux, prieur-curé, pendant 27 ans, afin qu’ils soient vendus et employés à payer les réparations les plus urgentes du presbytère.
Vers 1623, le prieur de Ménévillers se nommait Octavien le Febvre, il venait de Coivrel. Puis, on cite Pierre Roussel, prieur-curé de Ménévillers pendant 25 ans. Enfin, on le nommera plus tard curé de Saint-Martin.
Dans un obituaire (liste des défunts), on évoque le nom de Simon le Vasseur, prieur de Ménévillers. Ainsi que César Lefèvre, prêtre et chanoine qui était prieur de Noroy puis prieur de Ménévillers pendant 12 ans, vers 1649.
En 1654, des visites sont faites sur les paroisses de Saint-Martin, Wacquemoulin, Saint-Mard-lez-Roye, Goyencourt et Ménévillers. D’où il résulte que sur cette dernière paroisse il est écrit (en vieux français) :
« que les habitants déclarèrent que le plus souvent, les dimanches et les festes, l’on ne disoit et ne chantoit point de vespres en la dite église, que l’on n’y faisoit pas souvent le catéchisme…»
L'église
L’église de Ménévillers est une des plus anciennes du canton, elle est bâtie en pierres et recouverte d’un toit d’ardoises. Les fonts baptismaux datent du XIIème siècle et sont classés.
Le chœur de l’église tient d’un côté au presbytère et de l’autre à une ancienne ferme de l’abbaye. Le portail dit moderne date de 1660 au-dessus duquel est une petite fenêtre à plein-cintre, sans ornements.
Les fenêtres du nord de la nef sont identiques. Celles situées au sud sont des ogives simples datant du XVIème siècle.
Carré et remanié, sans ornements, le chœur est relativement petit, il serait dans l’origine d’une simple chapelle.
Le clocher de style roman est central. Deux fenêtres doubles à colonnettes ont des chapiteaux portant des animaux étranges.
La corniche est formée d’arcades inscrivant des contre-corbeaux aigus (ornements en saillie) et appuyé sur des corbeaux plats à dessins variés.
A l’intérieur de l’église on remarque deux pierres tombales, dont une datant de 1635.
Il est difficile de déchiffrer les inscriptions effacées par le temps. Sur l’une d’elle on lit : « cy gist et repose le corps de défunt Antoine Prév.. est décédé âgé de 47 ans… »
Les calvaires
Le calvaire de la place
Datant du XVIème siècle, une grande croix de pierres sculptée orne la place du village. Ce calvaire a été classé monument historique par arrêté du 1er août 1896.
Cet édifice se dresse sur une colonne d’environ 6,50 mètres assis sur un soubassement octogonal à gradins. Ce fût est apparemment un monolithe, c’est à dire fait d’une une seule pièce. Il est orné de rinceaux s’enroulant autour de montants verticaux. Dans sa partie supérieure, on distingue les Instruments de la Passion notamment l’échelle, la lance, la colonne de la flagellation, une épée et des cordes. La partie basse est parée de rinceaux et d’oiseaux affrontés. Quant à la partie haute du fût, elle est surmontée d’un chapiteau au gorgerin orné de feuilles verticales très serrées. La croix qui surmonte le tout, présente à l’ouest, le Christ, et à l’est la Vierge et l’Enfant.
Le calvaire du cimetière
Ce calvaire, qui est aussi désigné « chapelle de Ménévillers », est plus modeste que le précédant. Une petite chapelle et le calvaire sont juxtaposés. Bâti en pierres il est composé d’un piédestal massif à deux niveaux et retraite talutée avec larmier (petite saillie servant de gouttière) surmonté d’une corniche arrondie. Celle-ci supporte un socle rectangulaire sur lequel s’élève une colonne monolithe avec une base et un chapiteau-gorgerin. Au-dessus, se tient une croix de pierres avec des extrémités fleuronnées. La traverse et le montant de la croix sont maintenus espacés par des entretoises recourbées.
Vers l’ouest de la croix se tient le Christ et, à l’est se trouve la Vierge tenant son enfant dans les bras. Sur l’avant du calvaire, un petit toit en bâtière s’appuie d’un côté sur le piédestal et de l’autre sur deux piliers carrés. A l’intérieur de la niche on aperçoit une partie de la statue représentant le Christ aux liens.
Sur la base de la croix l’année 1600 est indiquée.
La Seigneurie
En 1220, le chevalier Raoul d’Estrées, échange avec l’abbaye de Saint-Martin-aux-Bois, tous les droits et biens qu’il avait à Méloisvillare, contre plusieurs pièces de terre.
En 1396, Jean, abbé de Saint-Martin est contraint de vendre plusieurs pièces de terre et des héritages, pour payer les dettes de ses prédécesseurs. Ces terres étaient pour la plus grande part situées sur le terroir de Ménévillers.
Il y avait en cette paroisse un fief dénommé Saint-Marc. En 1630, Gabriel de Collessou, écuyer et seigneur de Jaucourt en fait hommage à la seigneurie, comme tuteur de ses enfants.
En 1724, on écrit que les haies étaient si fortes le long des rues du village et de certains chemins que la circulation était devenue difficile. Aussi, les seigneurs font une ordonnance sévère imposant aux propriétaires de les faire tondre dans la quinzaine, faute de quoi ce travail sera aux frais des propriétaires.
Biens de main morte
Les Religieux de Saint-Martin-Aux-Bois possèdent à Ménévillers 444 mines de terre affermée (superficie) pour un montant de 1800 livres, 18 muids de blé (récipient, corbeille) et 5 muids d’avoine,
le tout estimé à 2580 livres.
Plus, 8 journaux (surface) de bois à couper dont ils jouissent eux-mêmes, estimés 80 livres le journal, en tout 640 livres.
Le prieur-curé de Ménévillers a 22 mines terre et un arpent et 80 verges de vignes, estimés 180 livres.
La fabrique de l’église a 16 mines de terre estimées 93 livres.
Autrefois, le village dépendait du Bailliage et du Grenier à sel de Montdidier. En 1737, les tailles (impôt perçu sur les roturiers) étaient de 766 livres, et en 1756 de 810.
Les Moulins
Autrefois, un moulin à vent tournait sur le village, mais il appartenait à l’abbaye de Saint-Martin-aux-Bois. Ce moulin qui était fortifié a été détruit sous le règne de Charles VII par les Anglais. En 1514, les religieux obtiennent la permission de Louis XII, de le rebâtir. Mais, il sera détruit au XIXème siècle. Aujourd’hui encore, on cite ce lieu « le moulin Flamant. »
Par ailleurs, dans la cour de l’ancienne fermette qui se situe à droite de la mairie se tenait aussi un moulin à vent. Il était bâti en pierres et il fonctionnait par un mécanisme entraîné par les chevaux.
Le four à pain
Un four à pain se trouve dans une cave de la ferme de M. et Mme Cochepin.
Jadis, les villageois venaient y faire cuire le pain, en accédant par un escalier (aujourd’hui condamné) donnant sur le jardin.
Le puits communal
L'ancien puits communal situé dans la rue de Wacquemoulin.
Activités
En 1900, on recensait encore dans le village des artisans et des commerçants, notamment un charron et un maréchal-ferrant, une fabrique de chaussons et trois café-épiceries.
En 1934, ils restaient : 1 apiculteur, 3 cafés dont 2 épiceries, 1 maçon et 1 maréchal.
Texte de Lauriane Leroy, mars 2009
Sources
- Le canton de Maignelay – JB Martinval – 1902.
- Inventaire série H1 – E Roussel – archives départementales - 1888.
- Comptes rendus et mémoires de la Sté archéologique et historique de Clermont – T. 34-1978.
- Monographies des villes et villages de France – l’Oise – Emmanuel Woillez – Res Universis.
- Découvrir l’Oise – Canton de Maignelay – Bonnet-Laborderie - GEMOB
- L’Oise – les 693 communes – Daniel Delattre – tome II
- Les communes du département de l’Oise – E. Lambert
Archives départementales de l'Oise
Bibliothèques St Corneille de Compiègne
Mairie de Ménévillers
M. le maire de Ménévillers et Mme Cochepin.
M. et Mme Soetemont, relais paroissial du village.