LA FAMILLE DHOMME, SES ORIGINES
Comme quelques autres familles originaires de Breteuil, notamment les Geffroy qui firent souche à Maignelay à partir des années 1790, la famille Dhomme viendra à son tour se fixer à Maignelay en 1834… et ses descendants, tout comme ceux des Geffroy, deviendront tous célèbres ! Curieux destin si anciennement tissé entre Breteuil et Maignelay qui sera donc toujours d’une étonnante fécondité !…
LES DHOMME DE BRETEUIL ET DE MAIGNELAY
1. Jean-Baptiste DHOMME. Aubergiste à Breteuil, est le premier des Dhomme connu dans les archives de Maignelay puisqu’il y viendra en 1834, avec son épouse Alexandrine Ogard, assister au mariage de son fils, Jean-Baptiste François, avec Julie Duflos, originaire de Maignelay.
2. François DHOMME (Jean-Baptiste)1807-1871, fils du précédent, né le 19 août 1807 à Breteuil est, lui, le premier Dhomme qui s’installera et fera souche à Maignelay en épousant, comme on l’a vu, le 10 avril 1834, Julie Clotilde DUFLOS (1814-1903) fille de Pierre Duflos, Marchand de fer et épicier, et de Julie Poulain son épouse, lesquels habitaient au n°6 rue Georges Normand. François Dhomme, lors de son mariage, exerce alors la profession d’Huissier royal de justice à Maignelay.
Les témoins du mariage seront pour le marié : Pierre Corniquet, huissier à Breteuil, Louis Lapierre praticien à Maignelay, et pour la mariée Jean Poulain, bourgeois, son aïeul et Charles Duflos, clerc de notaire. Le couple habitera d’abord au n°6 de la rue Georges Normand, au domicile des parents, et aura trois enfants tous nés à Maignelay.
Cette première génération Dhomme installée à Maignelay sera aussi enterrée dans le cimetière du lieu, où la tombe existe toujours. Au décès de Jean-Baptiste François Dhomme, le 31 juillet 1871, les témoins sont ses deux fils survivants : Ernest-Xavier âgé de 36 ans, alors curé à Fitz-James, et Louis-Alfred Dhomme, 35 ans, clerc de notaire à Ansauvillers. Le troisième enfant du couple, Jules-Alexandre, né en 1848, n’a en effet vécu que quelques mois.
L’acte de décès de Jean-Baptiste François Dhomme, de 1871, mort dans sa 64ème année, précise qu’il exerçait alors la profession « d’Agent d’affaires » et qu’il habitait rue d’Enfer (dans une ancienne maison au 10 rue Edmond Geffroy, actuelle maison Lichtenzctein). C’est probablement à la génération suivante, vers 1880, d’après Suzanne Lesobre, que les Dhomme habiteront ensuite le "petit château Saint-Amand" avec sa tour du XVIème siècle, lequel sera détruit vers 1920 pour faire place à l'actuel terrain de football..
LES DHOMME DE MAIGNELAY
3. Alfred DHOMME (Louis-Félix)1836-1921. Fils du précédent est, pour sa part, le premier des Dhomme à naître à Maignelay le 1er décembre 1836 au domicile de ses grands-parents maternels Duflos, au 6 rue Georges Normand. Il épousera Céline Thomas dont il aura deux fils André (1873) et Maurice (1882). Un troisième fils, Pierre, existe aussi mais il ne semble pas être né sur place. (On retrouvera toutefois sa trace dans les correspondances de son épouse adressées à Suzanne Lesobre vers les années 1953/1954 dans la deuxième partie de ce document. Mais il ne semble toutefois pas avoir marqué profondément les souvenirs de famille, d’après son neveu fort âgé Sylvain Dhomme, rencontré en 2011).
A la naissance de ce premier fils, André, les témoins sont Charles Duflos 62 ans, ancien notaire, chef de bureau au Crédit foncier, demeurant à Paris au 56 rue Notre-Dame de Lorette et Jules Alexandre Pillon, 47 ans, notaire à Maignelay
A la naissance de son second fils, Maurice en 1882, les témoins seront Léon Duquesnel, 59 ans propriétaire, ancien maire de Montigny, chevalier de la Légion d’honneur, et Charles Hourdé, 40 ans, notaire à Maignelay, ce qui prouve la parfaite intégration de la famille parmi les notables de Maignelay et de Montigny de l’époque
Sur le plan professionnel on sait qu'Alfred Dhomme a d’abord exercé les fonctions de clerc de notaire à Ansauvillers puis ensuite il sera percepteur à Maignelay. Mais lors de la naissance de ses enfants les actes d’état-civil précisent qu’il est simplement « propriétaire ».
A quarante ans Alfred Dhomme devient maire de Maignelay, de 1877 à 1883, et il sera décoré de la Médaille militaire, peut-être pour sa conduite durant la guerre de 1870. C’est lui qui s’installera par la suite au petit château Saint-Amand, vers les années 1880, comme les échanges de correspondances avec les membres de la famille de Suzanne Lesobre/Dumont le prouvent, lesquels Dumont habitaient alors la ferme tout à côté du petit château, à l’angle de la rue de Sains et de l'Impasse Saint-Amand…. Ils étaient donc voisins et ils resteront amis jusqu’aux décès de leurs proches, comme le prouvent les correspondances conservées par Suzanne Lesobre, descendante des Dumont!
Alfred Dhomme va décéder le 21 mars 1921, à l’âge de 89 ans, chez son fils Maurice Dhomme céramiste, domicilié à La Garenne-Colombes et il sera enterré à Maignelay. Quant à son épouse, née Célénie Thomas, elle décédera dix ans plus tard, le 9 août 1932 à 82 ans, mais chez son autre fils, le général André Dhomme alors en garnison à Perpignan, et elle sera inhumée aussi à Maignelay. De leur union sont nés deux fils qui ont vu le jour à Maignelay :
4. André DHOMME 1873-1953 (Jean, Claude) Général d’infanterie coloniale
Né et élevé à Maignelay jusqu’à sa majorité, André Dhomme s’engage dans l’armée en 1892. Il entre ensuite à l’Ecole militaire de Saint-Maixent et devient sous-lieutenant en 1899. Il va alors faire carrière Outre-mer, dans l’Infanterie coloniale : en Centrafrique (ex-Oubangui-Chari) Congo, Gabon, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, Maroc… Pendant la guerre de 1914-1918 il est présent à la "Bataille du Matz" où il est blessé à la mâchoire.
Puis en 1919 il participe à l’occupation des pays rhénans et sera ensuite affecté au Levant et en Tunisie. Il termine en 1931 sa carrière militaire à Perpignan avec le grade de Général. Il est titulaire de nombreuses décorations françaises et étrangères et sera élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d’Honneur... exceptionnelle et unique distinction de ce rang jamais enregistrée sur notre Plateau Picard!
Il épouse à 50 ans, le 2 octobre 1923 à Bourges, Marie Lelièvre âgée de 41 ans, issue d’une famille de notaires et le couple habitera Orléans, d’abord au 62 rue de la Bretonnerie puis au n° 6 rue Pellevoyain ; il n’aura pas d’enfants. Il a aussi l’habitude de passer l’été à Charasse dans une propriété de son épouse. Après de grandes souffrances, Madame Dhomme va décéder à Orléans le 17 décembre1935, à l’âge de 53 ans et elle sera enterrée dans le Cher, à Bourges, et non à Maignelay.
Le Général, bouleversé par la mort de son épouse, va lui survivre encore 12 ans et ce n’est que le 21 juin 1953, à l’âge de 80 ans, qu’il décédera après avoir assisté, deux mois plus tôt et fort content de retrouver les siens, dont son frère Pierre, au mariage d’un de ses neveux.
Lui non plus ne sera pas enterré à Maignelay mais à Bourges auprès de son épouse, alors qu’il échangeait encore, jusqu’en février 1953, quelques mois avant de disparaître, des correspondances avec Suzanne Lesobre sur d’anciens souvenirs communs de Maignelay, son village natal !
5. Maurice DHOMME 1882-1975, Artiste céramiste
Frère du précédant, Maurice Dhomme est aussi un enfant de Maignelay où il a grandi. Et, bien qu’il ne soit pas issu d’une famille d’artistes il s’orienta pourtant très tôt vers le travail de la poterie, de la décoration puis de la céramique, ce qui n’était pas du goût de sa famille qui voulait le voir devenir ingénieur ! Il commença donc son apprentissage dans l’Oise, comme potier à La Chapelle-aux-Pots. Puis, progressivement, il collaborera avec les plus grands potiers de France. Et après un séjour en Italie, à Florence et à Ravenne, précise sa biographe, Micheline Tissot, il s’orienta vers la céramique architecturale et il abandonna la poterie.
Sa carrière va véritablement commencer au retour à la vie civile en 1918, après avoir été mobilisé durant la Première guerre mondiale. Il va alors beaucoup travailler pour les églises dévastées du nord de la France, notamment dans la Somme. Il s’installe à Colombes, au 90 rue Rouget de l’Isle où il aura son atelier et deux fours. C’est d’ailleurs à cette adresse que son père, Alfred Dhomme décédera en 1921.
Devenu veuf en juillet 1931, en premières noces d’Hélène Fedorowna de Zolotareff, peintre de l'aristocratie russe et de religion orthodoxe, épousée à Paris dans le 11ème arrondissement le 21 février 1911, Maurice Dhomme va se remarier le 29 mai 1934, cette fois dans le 17ème arrondissement, à Marthe Besse originaire d’Alger, qui le laissera veuf une seconde fois le 28 mars 1968. Ses deux épouses reposent dans le cimetière de Maignelay. Et lui-même, lorsqu’il décèdera à Colombes le 17 février 1975, dans sa 93ème année, se fera enterrer à Maignelay.
L’œuvre de céramiste de Maurice Dhomme
La liste de ses œuvres, reconstituée à l’occasion des Journées du patrimoine de Vincennes et de Saint-Mandé par Michèle Tissot, avec l’aide de son fils Sylvain Dhomme, est impressionnante ! On découvre qu’il a participé à plusieurs expositions internationales d’Arts décoratifs, qu’il a reçu de nombreuses médailles et décorations françaises et étrangères. Parmi ses grands travaux de décoration d’édifices religieux ou civils le décor monumental, en céramique, de l’église Saint-Louis de Vincennes reste son œuvre majeure, classé monument historique.
Plus près de Maignelay, on retiendra aussi la restauration ou la décoration de l’église Saint-Etienne de Beauvais, de l’église Saint-Pierre de Roye, de celles Trie-Château et de Trumilly, dans l’Oise, de Bazentin dans la Somme pour la chapelle de la famille de Guillebon. Mais il est intervenu aussi en Belgique, à Strasbourg et à Paris. ..De son premier mariage, Maurice Dhomme aura un fils, Sylvain Dhomme qui deviendra, non pas céramiste mais cinéaste et metteur en scène de théâtre fort connu.
D’après le professeur Paul Arthur, de l’université italienne de Lecce, qui préparait en 2009 une étude sur les céramistes du XXème siècle restés connus, il semble que Maurice Dhomme soit resté plus célèbre par ses œuvres de style "art-déco " que par celles de la tendance «art-nouveau». Il a exposé à Paris au Salon d'Automne de 1913, à celui des Artistes Décorateurs en 1914 et à San Francisco en 1915.
6. Sylvain DHOMME 1919-2013 Cinéaste et homme de théâtre
Même si, à la quatrième génération, les Dhomme ne grandiront plus à Maignelay, ils y séjourneront toutefois à plusieurs reprises et y conserveront de très fortes attaches, comme en témoignent les échanges de correspondances avec la famille de Suzanne Lesobre (voir la seconde partie de ce document consacrée aux correspondances)
Elevé dans un milieu d’artistes à La Garenne-Colombes, Sylvain Dhomme n’est donc pas né à Maignelay et il a fait ses études secondaires à Neuilly. A l’heure des choix, il ne s’orientera pas, comme ses parents, vers la peinture ou la céramique mais vers le cinéma (assistant d’Orson Welles en 1954 dans "M. Arkadin") et le théâtre (créateur entre autres des "Chaises" de Ionesco « d’Ondine » de Giraudoux et metteur en scène de Tristan Tzara…). Mais il n’oubliera pas Maignelay, comme on le verra dans ses courriers !
Presque centenaire en 2011, il réside 214 Avenue du Maine dans le 14ème arrondissement de Paris au milieu de ses archives, de ses tableaux, de ses céramiques et de ses souvenirs. Il se propose de venir assister à Maignelay-Montigny en 2012, à l’invitation de la municipalité, à l’inauguration d’une place devant porter le nom de sa famille !